Y’a un truc qui me gêne.

Y’a quelque chose qui me dérange dans ce retour fanfaronesque de Colombie. D’autres voix ont exprimé cette même gêne depuis la première minute de ses discours.

Autant on se doit d’avoir tristesse et compassion pour le sort de cette femme amputée de 6 années de sa vie, autant je suis gêné par une « com » qui me donne l’impression d’avoir été quelque peu manipulé dans ma capacité de tristesse et de compassion.

Cette personne qu’on disait à l’article de la mort à la fin du mois de mars (le 27, Le Figaro : « son état de santé serait très très dégradé », Liberation le même jour : « pronostic vital réservé »), et pour qui un avion médicalisé fut stationné un moment sur place, eh bien il semblerait qu’elle soit en bonne santé.

Et à la voir et l’entendre après 6 ans de captivité c’est l’impression que j’ai aussi.

Non seulement en bonne santé, mais terriblement à l’aise dans ce nouveau rôle. Son discours semble parfaitement répété, les mots choisis avec soin, le ton longuement travaillé.
Mes propos sont provocateurs et pourtant c’est ce que je ressens. Et j’ai envie de dire que l’arroseur arrosé sera un gag éternellement renouvelé.

Il faut bien sûr se réjouir de cette libération, j’aimerais que les 500 à 3000 autres otages de Colombie qui n’auront jamais un tel support politico-médiatique soient libres eux aussi.
Et tous les autres, dans tous pays.
Les otages éonomiques (domestiques de personnes fortunées chez nous comme ailleurs, travailleurs forcés un peu partout), les otages politiques (populations déplacées de force, individus enlevés au nom d’idéologies forcément bienfaitrices pour leurs frères humains, peuples privés de tout droit civique), otages religieux, ou soit-disant religieux, cette notion étant si pratique pour justifier l’injustifiable.
Tous les otages donc.

Mais pas ceux qui se disent l’être un jour de grève des transports. Eux ne sont otages que de leur connerie, et là j’ai ni compassion ni tristesse.

Une réponse à “Y’a un truc qui me gêne.

  1. entièrement d’accord avec vous (surtout la fin d’ailleurs).

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